2. Une image profondément dégradée
La vision qu’on a de la blockchain est assez unanime, et excessivement capitaliste. Elle correspond notamment — fortuitement ou non — à la manière dont elle est dépeinte dans la plupart des médias. On peut résumer les principales critiques, et les adresser très brièvement.
NFTs
- Des images de cartoons en format JPEG qui se vendent et s’échangent pour plusieurs centaines de milliers de dollars, sous prétexte d’authenticité.
Oui, tout à fait. C’est une utilisation qui en est faite, et qui attire beaucoup d’attention étant donné les sommes astronomiques échangées entre quelques collectionneurs et traders. Il s’agit là d’un type précis de NFTs, eux-mêmes correspondant à un mécanisme très spécifique sur la blockchain (elle-même étant un type spécifique de système distribué…). Bref, de la même manière qu’on pourrait critiquer les sites de paris sportifs à l’échelle d’internet, ou les paparazzi à l’échelle de la photographie — des applications anecdotiques plutôt que représentatives.
Cryptomonnaies
- Des cryptomonnaies purement fondées sur la spéculation.
Une autre utilisation importante actuelle de la blockchain, comme c’est le cas dans la finance traditionnelle au sein des sociétés capitalistes. Par ailleurs, il s’agit d’unités universelles, autonomes et indépendantes, accessibles de manière globale, inclusive et transparente, éventuellement anonyme, sans intermédiaire de confiance et avec des frais réduits. Cela, en restant résistantes à tout contrôle ou tentative de censure.
Arnaques et faillites
- D’innombrables arnaques et effondrements, particulièrement de plateformes d’échange, et donc des pertes immenses pour les utilisateurs.
C’est réel ; les arnaques sont omniprésentes, à cause de l’ampleur des sommes qui circulent et de la complexité inhérente à la responsabilité individuelle de son portefeuille numérique. C’est-à-dire qu’on ne peut pas se fier à une banque, une adresse mail ou un service téléphonique, lorsqu’on est seul.e responsable de sa clé privé (c.f. 5. Un fonctionnement participatif et responsable). C’est tout l’intérêt — et toute la dangerosité — de cette indépendance.
Concernant les effondrements de plateformes d’échanges (qui permettent notamment d’échanger des cryptomonnaies en argent réel, et inversement) : la surprise est qu’il s’agissait de plateformes centralisées. Autrement dit, exactement ce qui va à l’encontre de la blockchain et des systèmes décentralisés. Dans la plupart des cas, ces plateformes investissaient excessivement les fonds des utilisateurs — sur le même principe que les banques ou les assurances — de manière complètement opaque. C’est typiquement ce qu’il est impossible de faire sur une plateforme décentralisée. En bref, une parfaite démonstration de ce que la blockchain ne représente absolument pas.
Impact écologique
- Un impact écologique catastrophique.
L’impact de la blockchain Bitcoin, qui supporte la cryptomonnaie du même nom, est effectivement catastrophique. Ce n’est pas réellement ce qui nous intéresse ici, en ce qu’elle ne permet pas grand-chose de plus, contrairement à la plupart d’autres systèmes. À titre de comparaison, la plus gourmande (Ethereum) — qui ouvre infiniment plus de possibilités — consomme à l’année environ autant d’électricité que la tour Eiffel (1, 2, 3). Par consommer, c’est-à-dire l’intégralité de ce qui permet de la faire tourner, ainsi que toutes les opérations qu’elle facilite.
Binance Blog. (2023). “Crypto Myths — Debunked! Part 8: The Myth That Crypto Is Bad For The Environment”. Binance. (4)